Médias en seine : Les écritures Immersives, retour sur une expérience immersive
Ce jeudi 22 novembre dans la brume d’une matinée grise et humide aux abords du Quai de seine Parisien, la Maison de la Radio nous ouvre ses portes. Entrée sécurisée par portique, et accueil chaleureux de Luc notre formateur, les mains débordantes de bracelets. A peine le temps de se mettre aux couleurs de cette journée avec les Pins de l’événement, que l’appel de l’espace VR 360° Arte s’impose.
Une conférence en moins mais une expérience en plus !
Le pourquoi du comment?
Le temps se passe sans pour autant se faire sentir. 11h20 arrive, vite la conférence sur “les écritures immersives!”. Surprise, c’est la conférence “média jeunesse”. Petit coup d’oeil sur le programme papier… Conférence décalée à 9h10.
Conclusion, conférence manquée. Mais le plus, une excellente (même plusieurs) expérience VR qui sont une forme d’écriture immersive. Pour démontrer cela je vais vous décrire cette séance d’immersion, de reportages, et d’histoires d’art.
Un concept pour apprendre à “redécouvrir” la Culture
L’expérience commence dès l’arrivée. Sur un format court d’environ 7-8 min mais suffisant pour se laisser immerger dans l’univers souhaité. On nous fait asseoir. Après avoir sélectionné sa destination, le casque vient délicatement se poser sur la tête, les sangles se serrent, le noir, le casque audio recouvre les oreilles, le silence. Ça y est, l’expérience commence par une coupure du monde présent/réel. C’est la déconnexion pour la découverte ou plus précisément redécouvrir notre monde et notre Culture. C’est une forme d’écriture ludique qui valorise l’apprentissage par l’expérience, dans l’immersion.
Dans la conférence sur “les écritures immersives” que j’ai donc manqué, l’intervenant Gilles Freissinier, Directeur du développement numérique d’ARTE venait valoriser cette expérience comme un plus culturel pour l’avenir et encourager le public à venir essayer les productions disponibles à l’espace Arte. Lui même nous site sa volonté de mêler ces deux écritures immersives “Jeux vidéos” et “VR” dans un but “d’Hybridation des écritures entre les genres” et de développer ces écritures vers l’audiovisuel dans un travail de création sur la narration. Ou plus précisément distribuer la culture sur les nouveaux supports en la gamifiant.
Différents types scénographiques pour écrire l’immersion
Première expérience, le documentaire immersif, le grand plongeon.
En moins de 30 secondes le voyage commence, cap sur la Polynésie Française et ses “700 requins”. Un documentaire quasi-immersif autour de plongeurs qui étudient une meute de requins. Lors de cette expérience le spectateur est immergé par l’espace vue 360 (chaise rotative), et par l’interlocuteur qui parle au visiteur comme si il était de l’équipe, avec eux. Le spectateur est à la fois visionneur de l’action, et presque acteur faisant partie intégrante du scénario.
Pour moi autant vous dire qu’il s’agissait d’une première expérience VR qui fut des plus passionnante à mes yeux ! On se sens complètement ailleurs en seulement quelques secondes. On tourne la tête tout autour de soit même, on cherche où poser le regards car on est présent et acteur en même temps du film, on le vit à travers le casque. Il est presque frustrant de ne pas sentir le soleil et l’eau sur la peau !
On arrive tout de même à être surpris lors de la plongée. Déjà la transition du bateau à la mise à l’eau est directe, peut être même trop. Ce qui est dommage c’est de ne pas avoir eu une transition plus longue où l’on descendrait dans les profondeurs avec les plongeurs. Malgré tout une fois sous l’eau avec les plongeurs, un petit stress, les requins planent tout autour de nous, ils sont vivassent, et extrêmement nombreux face à nous. On est donc impressionné par la scène presque oppressé car encerclé par ces chasseurs, qui viennent nous frôler à chaque coin de l’oeil.
Seconde expérience, vivre pour comprendre l’oeuvre, une immersion vers le dernier des voyages.
Un tableau dans un appartement, on le regarde, on imagine, mais qui aurait pu penser un jour pénétrer dedans littéralement en intégralité? Dans cette immersion le scénario veut faire vivre le tableau dans une 3 ème dimension qui vient s’intégrer à la nôtre. Ou plutôt lier une situation vécue à une immersion dans un univers imaginaire, existant figurativement. Le spectateur est entièrement acteur sans action possible, mettant en relation la connotation de la mort inscrite dans le tableau. C’est littéralement le spectateur qui se voit emmener vers sa destination finale, son propre passage dans l’au-delà. Dans cette immersion fortement visuelle, une voix masculine intense et profonde nous plonge dans l’histoire de ce tableau lorsque tout notre monde s’effondre devant nous et nous embarque vers notre destination finale, “l’île aux morts”. L’immersion est très calme toute la cadence est très douce, on se laisse emporter par l’icône du passeur vers notre destinée, un air de recueillement et de méditation s’offre alors à nous quand l’on observe les fragments du monde réel dériver derrière dans cette infini océan qui n’a qu’un point d’arrivée. C’est à la fois frustrant mais aussi apaisant. Car nous sommes spectateur et non acteur en réalité, nous découvrons l’oeuvre par ce parcours prédéfini du voyage.
Dans cette expérience, on sait que nous ne sommes pas dans un monde réel. Mais on se sens un peu comme dans un jeu vidéo où l’on “admire”, où l’on découvre. On aimerait davantage visiter cet univers inconnu. J’aime beaucoup cette mise en scène qui veut faire vivre le spectateur dans le tableau en le confrontant à une fiction qui représenterait sa vie et le mêler au rapport connoté du tableau.
Mais l’on se poserait alors une question. S’éloigne t-on du tableau même, et de notre propre rapport à notre imaginaire?
D’un côté oui, nous pouvons avoir notre propre réflexion avec l’imagination, mais il y a forcément une forme prédéfinie, une volonté de transmettre un message, une idée avec l’histoire même du tableau. Mais le faite de nous intégrer comme personnage à part entière avec un avatar nous immerge complètement comme dans un jeu et l’on peut alors s’imaginer l’histoire de notre personnage, tout en apprenant sur l’histoire de l’oeuvre et la vrai histoire du personnage sur l’oeuvre. Mais il est vrai que toutes ces informations et cette forme de regard 360 m’a par exemple déstabilisé. Trop enthousiaste d’explorer cet univers je n’étais pas entièrement attentif à la voix,” je voulais tout voir”. Ce qui peut poser une problématique et un axe de recherches pour les futures productions.
Une forme de regarder et de s’éduquer, mais jusqu’à où?Ces écritures immersives veulent mettre en relation notre monde réel à une seconde réalité, figurative, fictive, le tout dans le but de vivre un moment inhabituel (dans le quotidien) mais avant tout ludique. Une belle façon de ré-interpréter une oeuvre par une approche différente. En jouant sur l’émotion dans la peau de personnage (gamification) on attire l’attention de l’utilisateur. Cette forme d’écriture peut être aussi un support qui aide le spectateur à mieux comprendre certaines oeuvre par la narration virtuelle. Il s’agit donc selon moi d’un plus qu’un moins pour les oeuvres et notre approche au documentaire. Car ici on cherche à atteindre la génération connecté qui tend à s’éloigner du monde réel et en particulier de la culture.
Ce nouveau support d’écritures est vraiment très intéressant et ne demande qu’à évoluer.
Aujourd’hui déjà les “productions du domaines” en associations au “productions de jeux vidéos” expérimentent des combinaisons immersives en accompagnement du casque.
Par ici : https://www.youtube.com/watch?v=iE5uAUIwrhc https://www.realite-virtuelle.com/combinaison-haptique-vr
Une petite révolution pour tous les fans d’immersion, à consommer tout de même avec un peu de modération !