Trop peu encadrée, l’automédication fait débat tout en continuant, chaque année, de gagner de nombreux adeptes. À la suite de premiers symptômes, c’est Google qui est interrogé et non un médecin. Entre confusion et mal information sur internet, il est important d’encadrer cette automédication connectée. Le marché de la santé représente 224M € et une réelle opportunité pour les starts-uppers. Et si les solutions digitales permettaient un encadrement de l’automédication et apportaient des solutions au monde de la santé ?
Un nouveau rapport à la santé grâce au numérique
Le numérique et l’accès à l’information médicale
« L’ennui, c’est que n’importe qui peut répondre sur internet. Très peu de médecins sont identifiés. »
Rapide et utile, l’automédication a de nombreux avantages : permettre de désengorger les files d’attente des médecins et de trouver une solution rapidement à ses maux. Néanmoins, l’une des pratiques les plus courantes n’est pas de se fier à l’avis du pharmacien, mais plutôt de taper ses symptômes dans la barre de recherche de Google et de voir à quoi ils pourraient correspondre.
Internet a donc révolutionné l’accès à l’information médicale et permis d’obtenir des renseignements rapides et des réponses à nos questions.
Au-delà des informations sur les symptômes, internet permet d’obtenir des informations sur les maladies, les nouvelles pratiques en médecine ou encore les nouveaux traitements. Certains États aux États-Unis mettent en ligne les mauvaises pratiques et erreurs médicales s’étant produites lors d’opérations et traitements. Les patients qui s’estiment victimes d’une faute médicale peuvent chercher sur le web des explications sur les interventions médicales ainsi que les coordonnées d’associations. Ces informations permettent un réel changement dans le rapport à la médecine pour le patient.
Le plus surprenant est la quantité de savoir que renferme internet sur la santé. Une personne peut se documenter facilement et acquérir une connaissance sur sa santé de manière approfondie et gratuite. Les patients en savent parfois plus que les médecins sur leurs symptômes quand ils vont finalement consulter. « Parfois c’est une chance, car les patients sont au courant, donc on gagne du temps.[…] ils arrivent informés sur les effets secondaires, l’intérêt du produit, etc. On a donc de bons résultats. Mais je reconnais que ça peut être un problème pour des médecins peu formés à l’informatique qui voient arriver des patients au courant des nouvelles thérapies. » Déclare Jean-Jacques Fraslin au journal Atlantico.
Et si internet remplacer notre médecin ?
Avoir mal au ventre, taper quelques mots sur le moteur de recherche et apprendre que nous avons certainement une grave maladie. Combien d’entre nous avons subi cette expérience désagréable ? C’est pour cela que l’automédication en ligne est fortement dépréciée du corps médical. Un grand nombre de résultats sont erronés et ne peuvent pas correspondre aux symptômes de tout un chacun. De là nous pouvons nous poser la question, jusqu’à quel point pouvons-nous avoir confiance dans les résultats médicaux que nous trouvons ? Les sites comme Doctissimo enregistrent quotidiennement jusqu’à 920 000 visites. Ce qui signifie un grand nombre de conseils médicaux hautement visionnés. « Beaucoup de Français consultent ces sites. L’ennui, c’est que n’importe qui peut répondre. Très peu de médecins sont identifiés. » Déclare Jean-Jacques Fraslin au journal Atlantico. Le réel souci réside dans la nature du conseil médical transmis, de sa pertinence, voir sa dangerosité.
À partir de là, des solutions digitales ont commencé à voir le jour pour remédier à la non-pertinence des avis trouvés sur internet.
Nous pouvons citer l’application Citizen Doc, qui se présente comme un conseiller médical personnalisé. Sous forme de questionnaire élaboré avec des médecins, l’application nous fournit un premier diagnostic sur lequel s’appuyer afin de se rendre en pharmacie et obtenir des médicaments en libre accès. Ici également se pose la question de savoir si une application peut remplacer un réel avis médical. Il peut arriver que certaine personne sous-estime son état ou bien réponde mal aux questions pour avoir un résultat biaisé. Des erreurs médicales sont très vite arrivées avec l’automédication et l’accès au savoir médical en ligne.
Allopathie, mon ennemi.
De plus en plus de scandales entourent les médicaments allopathiques et un sentiment de méfiance apparaît petit à petit chez le consommateur. Avant la population avait une confiance sans failles dans les prescriptions des médecins et dans les médicaments. Néanmoins, de nombreux reportages et influenceurs pointent du doigt les lobbies pharmaceutiques et les effets secondaires survenus à beaucoup de patients. Un exemple probant comme la pilule Diane 35, accusée d’augmenter les risques de maladies chez la femme. Le scandale des médicaments à base de Valsartan a également impacté plusieurs millions de personnes. De ce fait, de plus en plus de personnes se sont tournées vers la médecine naturelle, homéopathique etc. Les médicaments d’automédication apparaissent donc comme une bonne alternative car un grand choix de produits naturels sont trouvables sur internet ou en pharmacie. De plus, beaucoup d’articles publiés sur internet conseillent plutôt des produits naturels pour se soigner comme des huiles essentielles, des compléments alimentaires, des fruits ou légumes. Ceci est le bon aspect de l’automédication connectée. Cela permet de tomber sur de bonnes alternatives. Par exemple, il est courant de lire qu’il est possible de remplacer le Doliprane par de l’huile essentielle de menthe poivrée à masser sur les tempes.
De nouvelles perspectives pour la santé grâce à l’innovation
Il est maintenant possible d’obtenir des informations sur sa santé, qu’un médecin n’aurait pas pu nous donner.
Le Quantified Self, nouvel Eldorado
Le quantified self, aussi appelé personal analytics, est un regroupement d’outils et de méthodes qui nous permettent de mesurer nos données personnelles et d’en tirer parti. L’analyse de données est, aujourd’hui, principalement pratiquée dans le digital, comme mesurer l’audience d’un site internet, la performance d’une campagne sponsorisée etc. Le quantified self consiste à s’analyser soi-même et permet d’obtenir des informations sur sa santé, qu’un médecin n’aurait pas pu nous donner aussi rapidement. L’un des créateurs de la Singularity University, Daniel Kraft, dénonce un mauvais comportement de la population face à leur santé. La plupart des gens attendent d’être malade ou d’avoir des symptômes pour voir un médecin ou prendre des initiatives sur leur santé. Toutefois il est important de s’en préoccuper avant que le mal nous gagne, c’est là qu’intervient la technique du quantified self. Les techniques les plus connues sont les montres connectées comme FitBit ou AppleWatch qui nous permettent de récolter des données sur nos activités sportives. Mais d’autres outils innovants ont pu voir le jour comme « Checklight », un dispositif mis en place par Reebok et MC10, qui permet aux joueurs de football américain d’être averti après un choc trop violent via le déclenchement d’une lumière rouge. Grâce à un capteur situé sous le casque du joueur, la donnée est directement envoyée au coach et entraîne un contrôle de santé du joueur. Le quantified self est une vraie révolution dans la santé car il permet de savoir rapidement son état de santé, et sans avoir besoin de médecins. Cette innovation pourrait être largement utilisée à plus grande échelle dans l’automédication afin de prévoir les éventuelles petites maladies ou les épidémies. L’autre revers de la médaille, est la normalisation de l’individu et la constante volonté de comparaison que nous pousse à avoir ces outils.
En effet, l’analyse de données reste principalement dans le domaine du sport et de la nutrition car cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’individu de savoir trop de choses sur sa santé. À trop en savoir sur sa santé peut nous pousser à nous soigner plus qu’il ne faut et à nous évaluer constamment.
Les objets connectés et la data dans la santé
La santé se voit également révolutionnée par de nombreux objets connectés. Munis d’un capteur, ces objets peuvent avoir la fonction de dépistage, d’alerte ou encore de coaching. Proches des techniques de quantified self, ils permettent également de récolter des données sur sa santé. Ces données représentent une mine d’or pour les professionnels de santé. Cela permet de mieux connaître les pathologies, leurs apparitions et leurs récurrences dans la vie de leurs patients. L’application féminine « Clue » permet de rentrer les dates des cycles menstruels, ainsi que d’autres données telles que les éventuels maux liés aux cycles. Lorsque qu’on y crée un compte, il est mentionné que ces données sont récoltées afin de faire avancer la science et connaitre mieux le cycle féminin. Cependant nous ne savons pas ce que nos données deviennent une fois récoltées. Malgré son grand potentiel, la data peut avoir des aspects néfastes. Des théories abordent la possibilité de regrouper ces données médicales afin de prédire les épidémies, ou encore prévenir certaines maladies. La CNIL s’occupe de protéger ces données et empêcher une mauvaise utilisation. Mais les applications ont souvent à brasser une grande quantité de données, il est alors difficile de les gérer correctement.
Le numérique a donc beaucoup changé le rapport à la médecine pour le patient. De nouvelles habitudes commencent à se mettre en place chez les patients et l’innovation technologique s’immisce de plus en plus dans nos vies.
Cette quantité massive d’information médicale et de conseils médicaux sur internet a donc des aspects positifs comme négatifs. Les nouvelles applications d’automédication créées à partir d’algorithmes sont l’exemple même de l’avancée technologique faite dans le domaine médical. L’innovation technologique ouvre.
En savoir plus :
https://www.futura-sciences.com/tech/dossiers/internet-big-data-boom-donnees-numeriques-1936/page/3/
https://www.atlantico.fr/decryptage/501512/e-sante–peut-on-vraiment-se-soigner-serieusement-sur-internet–jean-jacques-fraslin
https://www.serenite-belenos.fr/big-data-et-la-medecine-du-futur