La Chine, une croissance nettement remarquée de par ses investissements dans le numérique et le big data. Le crédit social : une arme pour la politique dictatoriale de Xi Jinping. Une surveillance de masse qui menace la liberté d’expression.
Le capitalisme numérique de la Chine, nouvel or noir
Le Big Data : une stratégie nationale
La politique de la Chine
La Chine, anciennement appelée l’Empire du Milieu, compte aujourd’hui 1,6 milliard d’habitants. Sa politique commerciale s’ouvre à la mondialisation, des accords de libre échange ont été conclus avec un abaissement des droits de douanes. En 2013, elle devient le 1er exportateur mondial et dépasse les Etats-Unis. C’est un pays membre de l’Organisation Mondiale du Commerce. La terre du milieu est au centre de l’économie mondiale ; elle est une des économies qui se développent le plus rapidement. Son développement économique n’est pas un hasard : elle est associée à une politique de capitalisme d’état. C’est-à-dire un système économique dans lequel l’état a un contrôle total sur le capital du pays, de l’industrie et des entreprises.
Xi Jinping vote pour l’abolition de la limite des mandats
Le chef d’état de la Chine est “Xi Jinping”. Le dimanche 11 mars 2018, son parlement chinois a aboli la limite des mandats présidentiels dans le temps, ce qui fait de lui un président à vie. “Deng Xiaoping” l’ancien secrétaire d’état avait pris la décision d’instaurer une limite de mandats à la présidence afin d’éviter un retour au régime dictatorial. On assiste là à un retour en arrière.
Le Big Data en Chine
Le capitalisme financier de la Chine s’ouvre au capitalisme numérique. Depuis l’essor du Big Data, le gouvernement chinois a compris l’intérêt qu’il pouvait avoir à investir dans ce domaine. Il a choisi de miser sa stratégie nationale sur le Big Data. La Chine passe petit à petit du capitalisme financier au capitalisme numérique. C’est là une des clés de la réforme gouvernementale de Xi Jinping.
La Chine est le numéro un des ressources numériques. La Commission Nationale du Développement et de la Réforme (NDRC) annonce un investissement de 8,6 milliards d’euros dans l’économie numérique de la Chine pour les cinq prochaines années. Cet argent aura pour but de développer les domaines du cloud, des objets connectés, et des smart cities. Tout cela dans un seul but d’étendre encore plus le Big Data en collectant de plus en plus de données. Depuis 2018, la Chine est la première datasphère mondiale et, en 2025, la Chine devrait dépasser la zone EMEA ; c’est-à-dire la région économique d’Europe Middle East & Africa.
Une datacenter chinoise
Le Big Data est présent partout : état, citoyen, entreprise. Certains parlent du Big Data comme d’un nouvel or noir. Le gouvernement met un point d’honneur à ce que les données des citoyens soit utilisées pour l’économie et la sécurité du pays. Pour ma part, je dirais que cela s’apparente plutôt à l’instauration d’une politique dictatoriale où l’état garde le contrôle sur les données.Sur internet les personnes sont trackées : la plateforme sociale chinoise “we chat” dispose d’une base de données immense auxquelles l’état à accès ; toutes les conversations, les publications…
Le capitalisme numérique : le crédit social, une arme politique
Le crédit social
Depuis le 1er mai 2018, le gouvernement chinois a mis en place dans une partie de la ville de Beijing, “le crédit social” aussi appelé “classement social”, en anglais “social rating”. Le “social rating” est un système de notation qui permet d’identifier les “bons” et les “mauvais” citoyens. Ce programme a été testé dès 2014. Il sera appliqué à l’ensemble de la ville de Beijing en 2020 ; Beijing est une ville de 22 millions d’habitants. Ce programme liste les bons et les mauvais comportements. Un épisode de la série Black Mirrors s’est inspiré de cette politique, “Nosedive” une application pour noter les citoyens.
La fiction est devenue réalité. En Chine, les citoyens ayant une mauvaise note, se voient exclus de la société avec des désavantages sur les taux de crédit, les voitures de location. Toute action bonne pour l’économie du pays, achat de produits chinois, don de sang, publication d’un article en faveur de l’économie, sera récompensée en bonus. En revanche, si votre note sociale est mauvaise, il est possible de se voir interdit “de voyager”, “de créer une entreprise”. La note sociale peut être abaissée pour bien des raisons : opinion politique en opposition avec le régime, recherches internet suspectes, traverser à un feu rouge, corruption d’un agent du gouvernement. Un système de liste noire est alors établi pour punir les mauvais citoyens. Un système quelque peu extrême établi par le gouvernement pour diriger d’une main de fer le pays.
Une surveillance de masse
En Chine, on compte pas moins de 176 millions de caméras équipées de reconnaissance faciale. D’ici 3 ans, la Chine sera équipée de 400 millions de caméras. Les caméras sont les yeux du gouvernement. Un citoyen qui traverse au feu rouge recevra une amende et sera placardé sur un panneau numérique pendant quelques secondes. Un système de reconnaissance faciale est installé sur certaines caméras dans les lieux publics. Un visage capté par un système de surveillance est instantanément associé à une identité. Avec de telles technologies, il faut seulement 7 minutes aux agents de police pour vous retrouver.
La reconnaissance faciale en Chine
La start up “Big pixel” a fait une photo d’une vue panoramique de Shanghai avec une résolution de 195 milliards de pixels, une performance technologique. Elle a rassemblé et fusionné des milliers de photos sur un ordinateur. Cette technologie permet de zoomer sur des éléments précis comme des visages. Cette photo a été publiée sur le web, aucun système de flou n’a été appliqué sur les visages. Une technologie pareille couplée à un système de reconnaissance faciale pourrait s’avérer être une arme redoutable pour la surveillance de masse du pays. Imaginons-là un système de surveillance presque satellitaire à l’image de google view mais avec une performance nettement améliorée. La start-up n’en est pas encore là mais cela pourrait être une évolution possible. La technologie est en perpétuelle évolution en Chine et change très vite.
Big pixel – une vue panoramique de Shanghai
Non, ceci n’est pas un scénario de fiction du livre “1984” écrit par Georges Orwell : il s’agit bien là de la triste réalité. Nommer un système par un nom différent est bien là la preuve d’une traque. Une stratégie payante pour la sécurité, l’économie et le contrôle mais à quel prix ? Le prix d’une dictature ou la perte des droits à la liberté est reine.
3 – La liberté des citoyens exacerbée
La liberté d’expression est bafouée par le crédit social. Si un citoyen exprime une opinion négative sur la Chine, il perdra des points et sa publication sera supprimée. Tout ce qui peut nuire au gouvernement chinois sera censuré. Les droits à la liberté sont exacerbés. L’état connaît tout de votre vie : il peut lire en vous comme dans un livre ouvert ; retracer ce que vous avez fait chaque jour, chaque heure. Le moindre geste est tracé par “Big Brother”. Le plus étonnant dans tout cela est que les citoyens ne se révoltent pas face à une telle surveillance et au système de crédit social. La dictature est déjà clairement établie. Un propos souvent tenu par les citoyens est qu’ils se sont habitués à cette surveillance.
On assiste là à un recul des libertés. Le gouvernement chinois a fait un choix radical pour la progression du pays : la mise en place du crédit social comme un moyen qui limite très clairement la liberté des citoyens. Tandis que dans certains pays les droits à la liberté sont inexistants, dans d’autres pays de l’Union Européenne, il existe des lois pour protéger les données personnelles comme la réglementation générale pour la protection des données entrée en vigueur le 25 mai 2018.