L’Homme nu : La Dictature invisible du numérique
Marc DUGAIN & Christophe LABBÉ
Édité par PLON
Publié en 2016
Domaine : Numérique, communication, médias
big data, numérique, invisibilisation, perte de l’individu, masse, oligarchie, programmé, surveillance, nouvelle dictature, Big Mother
Sujet
Les big data (Google, Apple, Facebook, Amazon) aspirent à récupérer nos données et à nous espionner de manière « secrète ».
Pour les big data, la démocratie est obsolète, tout comme ses valeurs universelles. C’est une dictature inédite qui nous menace : une Big Mother bien plus terrifiante encore que Big Brother.
Résumé
La révolution numérique, symbolisée par la collecte massive de données, pose des défis majeurs tels que la perte de vie privée, une docilité croissante, et une dépendance inévitable. Le texte met en évidence les compromis entre progrès technologique, liberté individuelle, et démocratie.Il critique enjeux contemporains de la société numérique. Les parties sont nombreuses et traitent de sujets différents, voici un sommaire :
1. Terrorisme et big data
2. Le monde selon les big data
3. La prophétie de Platon
4. Le pacte
5. Orwell, si tu savais
6. Le réveil des objets
7. Le dîner des rois
8. Google m’a tuer
9. La conjuration des 0 et des 1
10. L’avenir est une équation
11. Les maîtres du temps
12. Le chômage total
13. Le consomme, je mate, je joue
14. La sagesse 2.0
15. Le retour d’Ulysse
16. Le pire est désormais certain
1. Terrorisme et big data
Avec les attentats du 11 septembre aux Etats Unis, on a profité de ceci pour intensifier la collecte mondiale d’informations. Les attentats suivants ont remis en question l’efficacité de cette surveillance, avec des débats sur le coût en termes de libertés publiques. En France, les attaques de 2015 ont renforcé la foi dans la surveillance technologique, malgré les critiques. Les grandes entreprises du numérique sont désormais des acteurs majeurs dans la lutte antiterroriste, mais les big data, tout en fournissant des informations cruciales, ont involontairement alimenté la propagation de l’idéologie djihadiste.
2. Le monde selon les big data
Le voyage de Yannick Bolloré à San Francisco en 2014 illustre l’emprise des big data. Google, en suivant ses déplacements, lui a proposé une publicité ciblée basée sur ses préférences. Cette intrusion des géants du numérique dans notre vie quotidienne montre la collecte massive de données, où quelques entreprises détiennent 80% des informations personnelles mondiales. C’est là qu’on remet en question la démocratie
3. La prophétie de Platon
Nous sommes piégés dans un monde numérique qui déforme la réalité. Les photos constantes et la quête d’images numériques nous éloignent de l’expérience réelle. Les big data créent une illusion, transformant notre identité en une marchandise. Les algorithmes façonnent notre vision du monde, mais ne sont pas neutres. L’hyperconnexion nous isole plutôt qu’elle ne nous relie. L’individualisme croissant, alimenté par les géants du numérique, provoque des problèmes de santé mentale. Nous risquons de perdre la solidarité humaine et de déconnecter du réel.
4. Le pacte
Il y a 20 ans, les États-Unis ont pris le contrôle de Gemalto, une grande entreprise de sécurité informatique. Cela a conduit à une collaboration entre les services secrets américains et les grandes entreprises de données, ce qui menace la démocratie en créant une sorte de gouvernement mondial non élu.
5. Orwell, si tu savais
Les grandes entreprises comme Google et Facebook collectent nos informations pour les vendre aux annonceurs. La NSA utilise la surveillance numérique au nom de la sécurité, compromettant la vie privée. Les métadonnées révèlent nos habitudes. La transparence des entreprises est une façade, et la surveillance automatisée devient totalitaire.
6. Le réveil des objets
Les objets connectés, de la voiture autonome aux wearables, collectent nos données pour la surveillance et la monétisation. Les incitations financières liées aux comportements « sains » soulèvent des préoccupations sur la vie privée. En fin de compte, cette tendance pourrait transformer l’homme en un objet sous le contrôle des big data.
7. Le dîner des rois
Les grandes entreprises du numérique, grâce aux données massives, influencent les élections, détrônent les politiques, et remettent en question la démocratie. Elles aspirent à une gouvernance par les données, évinçant le politique au profit d’algorithmes. Leur quête de profit transcende les frontières, utilisant des tactiques d’optimisation fiscale. Ces géants, incarnés par des figures comme Bill Gates et Mark Zuckerberg, façonnent l’avenir avec une ambition sans limite, suscitant des inquiétudes sur l’égalité et la vie privée.
8. Google m’a tuer
On souligne les inquiétudes concernant l’utilisation excessive des écrans et des données numériques, mettant en garde contre les effets négatifs sur la santé mentale et le développement des enfants. Il critique également la perte de profondeur dans la lecture due à l’influence des données numériques.
9. La conjuration des 0 et des 1
On parle de comment les ordinateurs et les données numériques changent notre monde. On souligne les inquiétudes quant à la prise de décision automatisée, particulièrement dans la finance, et critique l’idée que les machines sont meilleures que les humains. L’auteur met en avant les qualités uniques du cerveau humain, comme l’imagination et le goût du risque, que les ordinateurs n’ont pas. Il conclut en avertissant sur les limites de la compréhension du monde si on se fie uniquement aux chiffres.
10. L’avenir est une équation
La police utilise un logiciel, Blue Crush, pour prédire les endroits où les crimes pourraient se produire, basé sur l’analyse de données. Cependant, cela soulève des questions sur la stigmatisation et la prédiction des comportements criminels. Des systèmes similaires se développent en Europe, suscitant des inquiétudes sur la criminalisation des intentions. Les entreprises utilisent également des algorithmes pour prédire des tendances, de la grippe à l’immobilier. Cependant, cette quête de prédiction totale risque de supprimer la part d’incertitude et de créativité essentielle à l’humanité.
11. Les maîtres du temps
Les big data, obsédées par l’hybris technologique, cherchent à défier la mort en créant un « homme augmenté » fusionnant avec la machine, menant à une inégalité extrême et à la perte de l’humanité. Ce désir de perfectionnement humain, alimenté par l’idéologie libertarienne, néglige les limites éthiques et menace de transformer notre existence en une course sans fin vers l’immortalité, compromettant ainsi la nature humaine et l’équilibre de la société.
12. Le chômage total
Des robots intelligents concurrencent les humains pour des emplois. Les machines automatisées, comme dans les usines, remplacent les travailleurs. Les grandes entreprises technologiques contrôlent de plus en plus le marché. Certains emplois disparaissent à cause de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Certains proposent un « revenu universel » pour compenser cela. Cependant, il y a des préoccupations sur le pouvoir concentré entre quelques-uns. Certains avertissements concernent le risque de machines super-intelligentes.
13. Je consomme, je mate, je joue
Facebook a manipulé secrètement les émotions de 700 000 utilisateurs pour étudier l’effet des contenus positifs et négatifs. Les « big data » sont comparées à une « Big Mother » qui influence nos désirs. La pornographie en ligne et les jeux vidéo sont mentionnés comme moyens d’occuper nos esprits.
14. La sagesse 2.0
Chez Google, Chade-Meng Tan enseigne la « Wisdom 2.0 » pour combattre le stress lié à l’hyperconnexion. Cependant, l’ère numérique provoque une surcharge cognitive et émotionnelle. Les réseaux sociaux créent une illusion de connexion, menant à la solitude. De plus, la dépendance aux machines menace notre mémoire et notre pensée indépendante. La « Wisdom 2.0 » encourage un bonheur sans idéaux, limitant la révolte. Cela contraste avec la vision des Grecs anciens qui valorisaient le conflit pour le développement personnel. Enfin, la surveillance totale incite à accepter passivement notre rôle.
15. Le retour d’Ulysse
En 2012, le FBI arrête le journaliste Barrett Brown pour avoir divulgué les liens entre Stratfor et le gouvernement américain. Cette répression contre les hackers, y compris Snowden et Assange, contraste avec leur rôle crucial dans la protection de la vie privée. Les hackers fournissent des outils comme TOR pour contrer la surveillance. Le Deep Web est vital pour préserver la vie privée malgré sa stigmatisation. Les hackers sont nécessaires pour restaurer la démocratie et contrer l’emprise des big data.
16. Le pire est désormais certain
La révolution numérique promet une société où la vie privée et la liberté s’effacent devant le contrôle absolu des individus par les big data. Ces acteurs, guidés par l’avidité, échangent prévisibilité et sécurité contre transparence totale. La dramaturgie mondiale créée par Internet justifie une surveillance massive, établissant un pouvoir supranational. L’homme augmenté devient une étape vers la fusion homme-machine, avec l’immortalité comme objectif. Les maîtres du numérique, dépourvus de limites, dictent leur loi à l’humanité, et l’Europe s’incline sans résistance. La résistance exige de recentrer l’humain, protégeant la sensibilité et l’intelligence chaotique, sinon la société sera nue, séduite par les avantages des nouveaux maîtres du monde au détriment de la liberté.
Citation verbatim
La dictature décrite par Orwell dans 1984 est un modèle de domination dépassé sur le plan technologique.
Comme le dit le slogan de Google, Don’t be evil (« Ne soyez pas malveillant »)…
« repérer le signal magique qui nous révélera ce que nous avonsbesoin de savoir pour prévenir et guérir une maladie ».
Bio auteur (s)
Marc Dugain : romancier et réalisateur, diplômé de l’institut d’études politiques de Grenoble et diplôme d’expert comptable et de commissaire des comptes. D’abord dans la finance puis entrepreneur aéronautique. Il a aussi eu une carrière dans le théâtre et dans la littérature.
Oeuvres principales : La chambre des officiers, la malédiction d’edgar, une exécution ordinaire
Christophe Labbé, journaliste pour le Canard Enchaîné, . Il est co-auteur de Place Beauvau, La face cachée de la police (avec Olivia Recasens et Jean-Michel Décugis, Robert Laffont, 2006), de L’Espion du Président (avec Olivia Recasens et Didier Hassoux, Robert Laffont, 2012), ainsi que du célèbre Bienvenue place Beauvau (avec Olivia Recasens et Didier Hassoux, Robert Laffont, 2017). Spécialisé dans les questions de défense, de police et de renseignement.
Commentaires personnels
J’ai beaucoup aimé le livre, surtout que ça m’a fait beaucoup réfléchir à certaines choses comme la surveillance etc. J’ai adoré les références multiples (Alexis de Tocqueville, 1984, ou encore la Prophétie de Platon) qui sont tous des textes que j’ai étudié et qui m’ont donc aidé à me projeter dans le livre. Il y a énormément de sujets différents mais liés qui sont traités, j’ai beaucoup aimé mais du coup, c’était difficile de livre pendant longtemps le livre parce qu’il nous fait engranger énormément d’informations.