II – Les différentes fonctions de la littérature de fiction
A – L’art de la vulgarisation
1 – Une banalisation de l’IA
La récurrence de l’IA à travers la littérature de fiction permet de désacraliser la complexité liée à cette technologie, car l’Homme appréhende mieux ce qu’il connaît. En ce sens, la littérature et le cinéma agissent comme un média transitoire, en offrant aux lecteurs et aux spectateurs des références concrètes.
“Ce film parle à la fois de l’humanité, de la technologie et de leurs évolutions.”
Le meilleur exemple concerne, une fois de plus, le film culte de Stanley Kubrick, car il est le premier à avoir popularisé l’Intelligence Artificielle auprès du grand public. Pour reprendre les termes du professeur d’université Jean-Gabriel Ganascia, repris par Jacques Henno dans son article dédié (15) : “Ce film parle à la fois de l’humanité, de la technologie et de leurs évolutions”.
B – Un rôle préventif
1 – Mise en garde contre les dangers de l’IA et vision dystopique
Envisager les pires scénarios robotiques permet également de se prémunir contre tous les dangers potentiels sous-jacents et liés à l’Intelligence Artificielle. Cela fait notamment référence à la loi de Godwin évoquée dans la première partie, qui permet de concevoir l’arrivée des machines dans leur globalité, aussi bien au travers une vision idyllique que catastrophique.
“Grâce à la science-fiction, nous savons que la première chose que l’I.A. fera sera de prendre le contrôle et de nous atomiser, tous autant que nous sommes.”
Cette idée est poussée plus loin dans un article du site HAH (16), au regard de plusieurs films dont les scénarios sont tout aussi différents qu’alertant les uns des autres. Il est même clairement cité, au sein de cet article, les propos de Damien Walter, qui affirme que “Grâce à la science-fiction, nous savons que la première chose que l’I.A. fera sera de prendre le contrôle et de nous atomiser, tous autant que nous sommes.”
2 – Des précautions à prendre
Les dérives liées à l’IA ne s’adressent plus seulement aux citoyens, mais également aux entreprises qui ont une part de responsabilité non négligeable dans la conception, la fabrication, et le développement des intelligences artificielles. Les lois de la robotique seront bientôt plus que de la simple science-fiction, puisque des lois sont actuellement en train d’être étudiées pour être intégrées ou non au sein de notre propre société.
Logo AIAI
Logo de l’entreprise AIAI.
Selon un article de ZDNet (17), le directeur général de l’entreprise Allen Institute for Artificial Intelligence aurait proposé “trois nouvelles lois dans une tribune pour le New York Times”, dans le but que chaque robot puisse “justifier ses actions”.
C – Un rôle expiatoire
1 – Une projection de nos peurs ancestrales
La littérature de fiction, au-delà de son rôle préventif, est aussi l’occasion pour l’Homme de se libérer de sa peur la plus profonde : celle de se faire surpasser et remplacer par la machine, dans la société comme au travail. Cette idée est une fois de plus reprise au sein du film “2001 : l’Odyssée de l’espace”, ainsi que dans un second article du site de FUTURA TECH (18), dans lequel il est expliqué que cette peur possède 4 origines, d’ordre instinctive, religieuse, culturelle, et technologique.
2 – Instinct de survie face à la machine
Le fait de parler d’intelligence artificielle à travers la littérature et le cinéma permet également de garder une forme de “contrôle” inconditionnel sur la machine. Cela passe par l’imagination, au milieu de laquelle l’Homme est libre de concevoir ses propres scénarios, au sein de sociétés dotées de robots aux formes multiples.
Affiches du film “Ghost in the machine”.
Il est ainsi possible pour l’Homme de concevoir la robotique selon différents univers. C’est l’idée qui est reprise au sein d’un article de Numerama (19), qui montre clairement la façon dont le cinéma traite le monde digital, à travers différents exemples, tel que le film datant de 1993 “Ghost in the machine”, de la réalisatrice Rachel Talalay.
D – Une rôle d’acceptation
1- Une vision anthropomorphique
Le fait de représenter la machine comme un être humain (aussi bien au niveau de l’apparence qu’au niveau des sentiments), permet à l’Homme de mieux accepter l’intelligence artificielle. C’est simple : l’Homme est plus apte à accepter de vivre et de travailler avec un “être” qui lui ressemble.
Le robot Sonny, sur le visage duquel il est possible de distinguer des émotions.
Cette idée est reprise dans un article de Gatac Production (20), qui explique que, dans le film “I, Robot”, “les hommes se surprennent à parler à leurs robots comme à des personnes ordinaires” à cause d’un “certain flou quant à la nature humaine et robotique” des machines. Pour aller plus loin, l’Homme est inconsciemment contraint à créer des machines qui lui ressemble, dans un but instinctif de “préservation” de son espèce.
2 – Le robot bienveillant
Outre l’anthropomorphisme, la présentation des robots sous une forme des plus innocentes permet également de mieux accepter l’arrivée des robots au sein de notre société. C’est le cas de plusieurs robots issus de la littérature et du cinéma de fiction, tels que le héros éponyme “Wall-E” du film d’animation du même nom, du robot R2-D2 issu de l’univers de Star Wars, ou encore le robot-géant issu du film “Le Géant de fer” réalisé par Brad Bird en 1999.
Le mignon robot R2-D2 et son homonyme plus récent BB-8.
Une longue liste non exhaustive publiée par le site Daily Geek Show (21) permet de visualiser l’ensemble des différents types de robots exposés au cinéma, dont ceux mentionnés précédemment. Cette désacralisation présente parfois les robots comme d’adorables compagnons de route, permettant même de toucher un public enfantin, pour qui l’intelligence artificielle est une notion assez complexe mais ô combien moderne et importante.
Pour conclure, la littérature de fiction a toujours façonné notre perception de l’IA. Elle nous a permis de côtoyer les machines dans leur globalité, en nous exposant les avantages et les dangers. Il ne reste plus qu’aux instances responsables de ces IA de se servir de ce patrimoine culturel, pour offrir aux citoyens une utilisation responsable des robots.
Sources :
- 15. 1968 : avec Kubrick, l’IA devient star de cinéma – https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/030505454511-1968-avec-kubrick-lia-devient-star-de-cinema-2109167.php
- 16. « AI Takeover » : quand la Science-Fiction annonce les dangers de l’Intelligence Artificielle – http://www.humanafterhal.com/ai-takeover-science-fiction-danger-intelligence-artificielle/
- 17. Sécurité : faut-il des lois pour régir les robots ? – http://www.zdnet.fr/actualites/securite-faut-il-des-lois-pour-regir-les-robots-39858714.htm
- 18. Les origines de l’angoisse robotique – https://www.futura-sciences.com/tech/dossiers/robotique-trois-lois-robotique-1836/page/3/
- 19. De Tron à Mr. Robot : comment le cinéma représente le monde numérique – https://www.numerama.com/tech/181512-de-tron-a-mr-robot-cinema-represente-monde-numerique.html
- 20. I Robot (2004) : L’intelligence artificielle au service de l’Homme – https://gatacproduction.wordpress.com/2011/11/21/i-robot/
- 21. 25 robots emblématiques qui ont marqué l’histoire du cinéma – https://dailygeekshow.com/25-robots-emblematiques-qui-ont-marque-lhistoire-du-cinema/)
1 thought on “En quoi le roman de fiction influence notre vision de l’IA ? [P2]”